Suivi de la population de moules perlières

Peche electrique

Dans le cadre du suivi de la population de moules perlières (Margaritifera margaritifera) sur la rivière Dolore, le contrat territorial Dore amont procède à la recherche de glochidies sur les branchies des poissons.

moule perlière
Moule perlière dans la Dolore

 

Constat

La Dolore, petite rivière du Haut-Livradois est un des derniers cours d’eau français a héberger encore une population de moules perlières, espèce protégée, et devenue extrêmement rare. Dans le cas de ce mollusque d’eau douce, la relation avec la truite fario est étroite, l’un dépendant directement de l’autre.

La Dolore
La Dolore en amont de Fournols

Pour se reproduire, cette espèce utilise la truite comme moyen de transport de ses larves appelées aussi glochidies. Lorsqu’un poisson passe à proximité d’une moule, celle-ci expulse des milliers de bébés dans l’espoir que certains d’entre eux s’accrochent aux branchies de ce poisson-hôte. Au bout de quelques temps, les larves quittent leur support et tombent au fond où elles se développent puis se reproduisent. La relation symbiotique de la larve avec le salmonidé constitue donc une étape indispensable à son cycle de vie.

Sur la Dolore, et d’une façon générale, la situation est extrêmement préoccupante pour la moule perlière : Autrefois florissantes dans les cours d’eau du territoire, la population est désormais constituée d’individus âgés ce qui traduit un problème dans la reproduction ou le début du cycle de vie de l’espèce sur ce secteur. De plus, on constate depuis plusieurs années des mortalités importantes et inexpliquées malgré plusieurs hypothèses.

La moule perlière mérite toute notre attention, en effet elle constitue une espèce parapluie car sa présence garantit une excellente qualité d’eau et contribue à maintenir cet état en filtrant les matières en suspension de la rivière. Son maintien et son expansion serait un gage de qualité irréfutable de l’attention que l’on porte à nos rivières.

Objectifs

Le contrat territorial s’attache aujourd’hui à obtenir les conditions de son maintien dans la Dolore par l’intermédiaire d’un ensemble de travaux (assainissement, suivi piscicole, suivi de la qualité d’eau, restauration de la continuité écologique, restauration des berges et communication/sensibilisation). C’est dans ce cadre que sont réalisées plusieurs pêches électriques en vue de constater ou non la présence de glochidies (larve de moule perlière) sur les branchies des jeunes truites. Leur présence serait un indice encourageant, il signifierait que ces animaux se reproduisent toujours. Toutefois, elle traduirait aussi un problème dans le développement des jeunes individus lors de leur phase d’enfouissement dans le lit du cours d’eau expliquant ainsi l’absence d’individus au sein des jeunes cohortes.

Ces pêches électriques permettant de vérifier la présence de glochidies sont confiées à la fédération de pêche du Puy-de-Dôme. Elles s’accompagnent par la suite, d’un comptage des individus restants dans la rivière menée en partenariat avec le Conservatoire des Espaces Naturels(CEN) d’Auvergne (animateur du site N2000 Dolore et référent national du plan d’action concernant l’espèce) permettant ainsi de suivre la population qui ne l’a pas été depuis plus de 10 ans.

Peche electrique
La FDAAPPMA du Puy-de-Dome en pêche électrique sur la Dolore

En s’attelant à la sauvegarde de la moule perlière, le contrat territorial, porté par la cialis prix communauté de communes Ambert Livradois Forez compte protéger l’ensemble de la diversité et du fonctionnement de cette rivière emblématique du Livradois-Forez.

La moule perlière, espèce indicatrice d’une excellente qualité des eaux

La mulette est une moule d’eau douce allongée pouvant atteindre 12 à 15 cm, dont l’âge peut dépasser 100 ans (voire 150-190 ans). Elle pouvait autrefois recouvrir tout le lit des rivières tant les densités étaient importantes. Désormais la moule perlière ne se reproduit plus que dans une petite dizaine de cours d’eau. La moule perlière est inscrite par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) sur la liste rouge des espèces faisant face à un très grand risque d’extinction à l’état sauvage dans un avenir proche.

repartition de la moule perlière en france
Répartition de la moule perlière dans les départements francais en 2004 (Cochet, 2004)

 

Autrefois, l’Homme a contribué à sa raréfaction, d’abord pour profiter de ses perles (sachant que seul un individu sur mille en produit une et qu’il faut en moyenne 6 ans pour que celle-ci se forme et qu’elle n’est pas comestible) puis par la dégradation généralisée de la qualité des eaux.

L’espèce vit enfouie en partie dans les sédiments des rivières de bonne qualité. Un individu filtre jusqu’à 70L d’eau par jour. Au début de l’été, les males libèrent leur semence dans l’eau qui est ensuite inhalé par les femelles. Les œufs ainsi fécondés sont relâchés entre juillet et septembre sous forme de glochidies (entre 1 et 4 millions/femelle). Certaines arrivent à s’enkyster sur les branchies temporairement sur les branchies de jeunes saumons atlantiques, truites de mer ou truites fario. Les larves mesurent alors 0,6 mm. Vers mai-juin les larves se détachent et s’enfouissent dans le sable. Elle y poursuit son développement durant 4 à 5 ans après quoi la jeune moule perlière réapparaît à la surface du substrat et devient mature vers 10-15 ans. Sur 1 millions de glochidies, mois de 10 atteignent le stade de jeunes moules.

La moule perlière affectionne les rivières avec une très faible quantité de matière organique, qu’elle contribue à diminuer. Elle vit ainsi dans des rivières pauvres en nutriments, avec un pH proche de la neutralité et une conductivité très faible. Les taux de nitrates ne doivent pas dépasser 2 mg/L pour qu’elle puisse accomplir son cycle de vie.

L’augmentation de la température, la présence de polluants ou l’eutrophisation, même ponctuelle, le piétinement des cours d’eau, l’extraction de sédiments, la modification physique de leur habitat etc. nuisent à ses populations et en particulier aux jeunes individus extrêmement fragiles vivant dans le sous-écoulement du lit des cours d’eau.

Aussi protéger cette espèce c’est protéger l’ensemble des espèces vivants dans le cours d’eau, elle est donc considérée comme une espèce « parapluie ».

 Les premières constatations :

Les résultats doivent encore être interprétés et analysés, toutefois les éléments de terrain semblent confirmer la raréfaction de l’espèce et la mauvaise santé des populations de moules perlières. Le peuplement reste un assemblage de vieilles populations avec l’absence d’individus de moins de 70-80 ans.

 

Les résultats des pêches ont souligné la faible densité de truitelles sur les différentes stations, ainsi qu’un très faible pourcentage de présence des larves de moules sur les branchies des poissons.

En effet :

  • Sur la station de Fournols, 38 truites ont été capturées et 1 glochidie était présente
  • Sur la station du ruisseau du Forestier, 32 truites ont été trouvées dont 2 avec présence de glochidies
  • Sur la station « des levades », qui constituait le site où l’espèce était la plus densément présente il y a peu, on peut déplorer une mortalité récente et importante avec plus de 90% d’individus trouvés morts. Toutefois, parmi les 45 truites capturées, 5 présentaient des larves de moules perlières.
Station de biométrie lors des peches sur la Dolore
Station de biométrie lors des pêches sur la Dolore

Ainsi, si on peut se réjouir que la qualité de l’eau et de l’habitat permette encore la reproduction de l’espèce, celle-ci se trouve actuellement dans une si faible densité que son existence à courts termes est réellement remise en cause.

De même, la qualité de l’habitat ne semble pas permettre la vie des jeunes individus, les plus sensibles aux pollutions. D’autre part, il semble que la population de truites sur ces secteurs soit très inférieure à celle attendue sur ce type de rivière.

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